Voici quelques points importants que vous devez assimiler pour travailler l’argile polymère dans les meilleures conditions possibles.
Garder son plan de travail et ses outils propres vous permettra d’éviter bien des ennuis de contaminations. Pour cela, vous pouvez utiliser des lingettes bébé humides (leur inconvénient est qu’elle sèche et jetables lorsqu’elles sont sales, donc polluantes) ou un chiffon microfibre et de l’alcool ménager (solution bien plus écologique et économique puisqu’il suffit de passer le chiffon à la machine pour le laver, il est donc réutilisable). Je place mon alcool dans un petit pulvérisateur, mais vous pouvez garder une bouteille à proximité et verser un peu d’alcool sur votre chiffon lorsque vous souhaitez nettoyer votre plan de travail ou vos outils.
Laissez bien sécher ensuite car l’argile n’adhèrera pas sur des surfaces humides. Vous pouvez accélérer le séchage en passant un chiffon sec sur votre matériel.
Dans l’argile polymère on retrouve un composant appelé “plastifiant”. C’est ce plastifiant qui permet à l’argile d’être souple, qui lui donne sa plasticité. Lorsque la pâte est fabriquée elle est très molle, trop molle pour être utilisée. Elle subit donc une étape de “maturation” durant laquelle elle est simplement emballée dans son packaging d’origine et laissée tranquille dans la réserve de l’usine durant quelques mois. Cette étape de maturation permet au plastifiant de s’évaporer légèrement et d’obtenir ainsi un pain parfait (ni trop mou, ni trop dur). L’argile peut alors être mise en vente.
A partir de sa fabrication, le plastifiant présent dans l’argile s’évaporera peu à peu, même si le pain est fermé, dans son emballage d’origine. C’est pourquoi, si l’on achète des pains trop vieux, l’argile est extrêmement dure voire friable (c’est le signe qu’une grosse majorité, voire tout le plastifiant, s’est évaporé). Il faut donc être vigilant et préférer acheter des pains jeunes (qui viennent d’être fabriqués). Grosso modo, un pain d’argile polymère a une durée de vie de 2 ans. Passé ce délai, le plastifiant s’est trop évaporé et l’argile n’est plus utilisable.
Une fois le pain ouvert, le processus d’évaporation du plastifiant s’accélère au contact de l’air. Il est donc important de bien conserver son pain afin de le garder utilisable le plus longtemps possible.
Je vous conseille d’aller lire mon article de blog “Comparaison des marques et gammes d’argile polymère” dans lequel il y a un paragraphe sur les packaging de chaque marque d’argile. Ainsi, en fonction de la marque que vous utilisez, vous pouvez garder l’emballage d’origine pour réemballer votre pâte et la conserver ou pas. Dans les cas où je déconseille de garder l’emballage et / ou si vous déchirez le packaging, vous pouvez emballer votre argile (lorsqu’elle est encore sous la forme de pain mais aussi lorsque vous l’avez conditionné ou lorsque vous avez déjà travaillé dessus) dans du papier cristal (c’est l’appellation du plastique de fleuriste). Ce plastique est idéal pour conserver de façon optimum l’argile polymère. N’utilisez pas de film alimentaire (l’argile polymère réagit avec ce plastique et le dégrade), n’entreposez pas votre argile sans être emballée dans du papier cristal dans des tupperwares ou des boîtes en métal, il faut d’abord bien replacer la pâte dans du papier cristal, scotcher les bords, pour éviter le contact avec l’air. Vous pouvez ensuite ranger votre argile emballée où vous voulez (dans des boîtes en plastique, en métal, en carton…Je place mes plaques dans des classeurs, rangées individuellement dans des pochettes en plastique transparent, je trouve que cela permet de les retrouver facilement).
L’avantage de l’argile polymère par rapport à l’argile traditionnelle ou la porcelaine froide, est, qu’elle ne sèche pas à l’air. Vous pouvez alors la travailler sur plusieurs heures, plusieurs jours sans aucun problème (pas des semaines ni des mois non plus, où là l’argile en contact avec l’air depuis longtemps va tout de même perdre l’effet du conditionnement et redevenir dure). Lorsque vous ne travaillez pas sur votre projet, je vous conseille de le couvrir avec du papier cristal afin d’empêcher les poussières qui flottent dans l’air de venir s’y coller.
Seule la cuisson va véritablement faire durcir l’argile polymère et lui donner sa consistance définitive.
Les couleurs d’argile polymère sont parfaitement miscibles entre elles (exception faîte de la gamme Fimo leather qui est une argile particulière et dont je vous explique le fonctionnement dans le cours dédié à cette pâte). Exactement comme en peinture, vous pouvez créer de nouvelles couleurs, de nouvelles tonalités à partir de couleurs existantes.
Par exemple en mélangeant du bleu et du blanc vous allez obtenir du bleu clair. Un mélange de bleu et de rouge va vous donner du violet…
Pour réaliser votre mélange de couleur :
Certaines marques d’argile polymère ont créé un nuancier (color chart en anglais) qui permet d’avoir les recettes pour créer des dizaines de couleurs différentes. C’est quelque chose de très utile à avoir avec soi pour pouvoir faire pleins de couleurs facilement. Vous pouvez télécharger ces nuanciers
Je vous conseille vivement d’apprendre à d’abord maîtriser les différentes techniques, les gestes spécifiques à chacune d’elle…sur une plaque de pâte épaisse. Plus on travaille fin et plus c’est difficile. Il vaut donc mieux d’abord travailler avec des plaques épaisses afin d’apprendre correctement la technique, puis, une fois que vous l’aurez réalisé plusieurs fois et que vous serez à l’aise, vous pourrez diminuer l’épaisseur de la plaque.
Je vous apprends à conditionner l’argile polymère à un cran moyen de la MAP. Mais qu’en ait-il si ensuite vous souhaitez travailler à une épaisseur plus fine ou plus épaisse ?
Premièrement, définissons ce que sont des crans épais, moyens et fins sur une Atlas :
Si vous possédez une autre marque de MAP, essayez de définir vos crans épais, moyens et fins.
Les règles sont les suivantes :
Pourquoi on ne plie jamais sa plaque lorsque l’on diminue l’épaisseur ? Tout simplement parce que si vous la pliez vous augmentez son épaisseur par 2. Or, afin de garder votre MAP en “bonne santé” le plus longtemps possible il faut éviter de la faire trop forcer. Les rouleaux supportent très bien une épaisseur doublée, c’est à dire que lorsque je suis au cran 4 par exemple, et que je plie ma plaque en 2, j’ai une épaisseur de 2 X cran 4, là tout va bien. En revanche si je change de cran pour un cran 5 (plus fin que le cran 4) et que je passe directement la plaque cran 4 pliée en 2 (j’ai une épaisseur de 2 X cran 4 que je vais passer dans un cran 5), là la machine va forcer et vous risquez de l’abîmer.
La bonne méthode est donc de passer sa plaque sans la plier lorsqu’on souhaite l’affiner afin qu’elle soit à l’épaisseur du cran en question. Une fois que vous l’avez passée 1 fois à un cran plus fin, vous pouvez parfaitement rester à ce cran, la plier en 2 et la passer plusieurs fois à ce cran.
Le processus de réalisation d’une création en argile polymère demande du temps. Ce n’est pas une pratique artistique qui se fait en quelques minutes. De nombreuses étapes sont nécessaires avant d’arriver à un bijou (ou autre chose) abouti. Le conditionnement, la préparation des couleurs, la réalisation de la technique, le découpage, la mise en forme, la cuisson, les finitions. Tout cela réuni nous arrivons facilement à plusieurs heures de travail. Il va donc falloir être patient avant d’obtenir son bijou terminé et ne pas bâcler les étapes au risque d’être déçu du résultat et de devoir recommencer.
Bien sûr chacun à un rythme différent, certaines personnes travaillent vite, d’autres plus lentement, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise vitesse, respectez le temps dont vous avez besoin. De plus, il est normal de mettre plus de temps lorsque l’on débute ou que l’on apprend une nouvelle technique. Plus on pratique et plus on ira vite car on prend l’habitude des gestes, on sait déjà ce que l’on doit faire, on est plus sûr de soi…Maintenant, ce n’est pas un concours de vitesse, mieux vaut prendre son temps et faire les choses bien que d’aller à toute allure et de rater des étapes.
Vous allez voir que de toute façon, le processus de fabrication d’un bijou est tellement passionnant et intéressant que l’on ne voit pas le temps passer.